Donald Trump : Conseils pour bien se préparer comme entreprise

RÉJEAN DANCAUSE

Pour les dirigeants d’entreprise et les gens d’affaires, le retour à la présidence des États-Unis de Donald Trump ne peut nous laisser indifférents. En plus des promesses qu’il a faites tout au long de la campagne électorale et à la lumière des personnalités qu’il a nommées aux postes clés de son gouvernement, on doit s’attendre à de fortes turbulences dans plusieurs domaines, dont les relations commerciales avec le Canada, les accords commerciaux avec plusieurs pays, les programmes concernant les changements climatiques et bien d’autres.

Face à ces nombreuses menaces, l’environnement externe des entreprises connaîtra des perturbations importantes auxquelles il faudra faire face. À la lumière des informations et des hypothèses disponibles qui pourraient avoir des effets négatifs sur la rentabilité de votre entreprise, nous vous suggérons donc de revoir les planifications stratégiques déjà faites ou celles en cours de préparation afin de leur apporter les modifications appropriées aux circonstances.  Certaines hypothèses, déjà connues, laissent entrevoir des chocs majeurs, en particulier, ceux concernant des tarifs douaniers qui risquent de se situer à la hauteur de 25% tels qu’annoncés pendant la campagne électorale et en voie d’être « confirmés ». De plus, il ne faudrait pas oublier les effets des décisions récemment prises par le président élu portant sur les mouvements migratoires tant aux États-Unis qu’au Canada, pour ne citer que ceux-ci.

Voici quelques commentaires et suggestions qui pourraient vous aider à faire vos analyses et dégager les décisions à prendre :

1- Le Gouvernement canadien va réagir aux décisions du président Trump portant sur l’application de droits de douanes, selon toutes évidences de l’ordre de 25%. D’abord il va travailler, en collaboration avec les provinces, à faire la démonstration à l’endroit des décideurs américains (gouverneurs des États, dirigeants d’entreprises, membres du cabinet Trump) que les conséquences réelles seront en fait négatives pour leur économie (ex. l’inflation) sans oublier les réactions possibles des consommateurs et des entreprises, puisque ce seront eux, en fin de compte, qui devront payer ces augmentations de prix.

2- Le retrait des États-Unis de quelques (sinon plusieurs) organisations internationales comme celles déjà connues de OMS (Organisation Mondiale de la Santé), l’Accord de Paris connu sous l’acronyme COP 21) ne peut nous laisser indifférents. Celles-ci, sont actives dans des domaines dont le niveau de risque est très élevé pour l’ensemble de la population, y compris la nôtre.

3- Selon plusieurs experts du monde financier, la valeur du dollar canadien risque de passer sous la barre des 70 cents, ce qui contribuerait à faire monter les prix de nos importations, surtout ceux des produits alimentaires (fruits et légumes), des machines, des équipements de production et de certaines matières premières et composantes achetées aux États-Unis et ailleurs dans le monde. À la clé, il faut prévoir une hausse très probable du niveau de l’inflation au Canada et, sans doute, un certain frein aux investissements étrangers, surtout européens et asiatiques qui voudraient desservir le marché américain à partir d’une implantation au Canada).  

4- En développant quelques scénarios prenant en compte plusieurs hypothèses, il faudra évaluer les effets de la hausse des droits de douanes de 25% sur vos capacités concurrentielles aux États-Unis. La menace que constituent les droits de douanes sur les prix de vos produits est en fait une opportunité très intéressante pour vos concurrents américains. À combien, selon chacun de vos scénarios (hypothèses), évaluez-vous la baisse des ventes possibles ou probables chez vos clients stratégiques? Si cette éventuelle baisse risque de faire en sorte que votre niveau de rentabilité diminue en-dessous du niveau de votre point mort de rentabilité, il faudra envisager des solutions qui pourraient être drastiques, comme envisager de faire une acquisition aux États-Unis ou implanter une filiale de production chez nos voisins du sud pour contourner le problème. 

5- En préparant les scénarios dans lesquels évaluer les effets probables de la mise en œuvre de nouveaux tarifs douaniers à l’importation aux États-Unis, il ne faudra pas oublier d’évaluer ses effets et les menaces auxquels feront face vos clients stratégiques canadiens qui verront, eux-aussi, des pressions négatives sur leur rentabilité. Comme il est probable que la valeur de notre dollar « glisse » sous les 70 cents, les coûts de vos produits (matière premières, composantes, équipements de production…) seront à la hausse.  Par prudence, il faudra identifier les effets des changements sur tous les éléments composant votre chaîne de valeurs, dont vos approvisionnements en produits et services importés et non importés, les hausses de prix dues à l’inflation, l’arrivée de concurrents canadiens et étrangers sur le marché canadien… sans oublier la perte de clients américains qui auront décidé de changer les fournisseurs qui auront à subir le tarif douanier imposé le gouvernement de leur pays.

6- Enfin, il ne faudrait pas sous-estimer la probabilité que le président Trump exige de renégocier l’entente de libre-échange actuellement en vigueur entre nos deux pays et le Mexique, connue sous l’acronyme ACEUM (autrefois l’ALENA) avant son échéance en 2026. Dans ce cas, deux grands domaines économiques sont à risque : l’accord sur l’automobile et la gestion de l’offre dans le domaine de la production agricole pour le lait, les fromages et la volaille en particulier. L’accord sur le bois d’œuvre qui fait problème depuis plusieurs années risque aussi d’être remis en question.

Étant donné tous ces éléments, nous nous devons de vous inciter à faire votre propre analyse afin de bien circonscrire les risques que votre entreprise pourrait encourir à court et à moyen terme. Nous vous proposons de vous accompagner dans la réalisation d’un tel exercice. Ce nouveau contexte (environnement externe) vous oblige à prendre en compte des éléments géopolitiques avec lesquels vous n’êtes pas nécessairement habitués de travailler. Au cours de cet exercice, vous ne devez pas oublier d’évaluer les effets qui se feront sentir tant chez vos clients stratégiques que chez vos fournisseurs stratégiques. Autrement dit, LES RISQUES D’UNE TRÈS FORTE TURBULENCE SONT MAJEURS, il faut en être conscients. À votre demande, nous serons à vos côtés pour vous aider à y voir clair et à travailler avec vous à trouver les meilleures solutions et, éventuellement, participer à l’élaboration de vos plans de mise en œuvre, selon la nature et l’ampleur des menaces anticipées dans chacun des scénarios retenus.

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Réjean Dancause, CMC, ASC

Associé fondateur, Dancause